Elle y pense, y repense. Elle est même retournée sur les lieux. Claire Bonnet a fait partie de ces quatre automobilistes qui se trouvaient, à une dizaine de kilomètres de Belley, au-dessus de la cascade de Glandieu sur cette route sinueuse qu’est la départementale 10, le 11 janvier, vers 15 h 30.
Au volant de sa voiture, l’automobiliste de 55 ans revenait d’un après-midi shopping à Morestel.
« Cette pluie de grésil, elle est tombée en dix minutes, si brusquement », se souvient Claire Bonnet. Elle remarque alors un pare-chocs jeté sur le macadam et puis quelqu’un qui lui fait signe de s’arrêter. « J’ai tourné la tête, regardé du côté passager, celui de la rivière, j’ai vu un véhicule renversé dedans. »
À partir de ce moment-là, les choses s’enchaînent rapidement. Les moments d’angoisse frôlent le trou noir, face à cette scène cauchemardesque d’accident de la route et les tentatives de secours. Puis reviennent les gestes d’instinct de survie. Notamment au moment où on lui remet dans les bras l’une des victimes du drame, un bébé de 13 mois. « Je l’ai pris contre moi, sous ma doudoune, j’ai dégagé de la place dans ma voiture, mis la température à 28°. Je le frictionnais, je lui ai fait du bouche à bouche. Je n’avais qu’une idée en tête, il fallait que ce bébé vive. » Claire Bonnet lui retire ses vêtements mouillés, l’enveloppe dans sa veste et retrouvera un peu de couleurs au moment où elle aperçoit aux commissures des lèvres du petit garçon, des bulles, signe qu’il commence à se réchauffer. Elle continuera à appliquer ces premiers soins jusqu’à l’arrivée des pompiers. « Je les ai accompagnés jusqu’à leur camion, je leur ai demandé dans quel hôpital ils emmenaient l’enfant, et je suis partie. » Elle explique : « J’avais froid, j’étais bouleversée, je voulais rentrer chez moi. » Le lendemain, elle met ses chaussures de neige, essuie ses larmes, et se rend d’abord à la police municipale, puis chez les gendarmes. « Je voulais avoir des nouvelles de ce bébé et de sa maman. » Elle fera une déposition sur ce dont elle a été témoin. Elle entendra que le bébé est hospitalisé, que son état de santé n’est pas inquiétant. Mais que sa mère, elle, terrassée par une crise cardiaque, n’a pas survécu à l’accident.
Dix jours plus tard, cette aide aux personnes âgées de Belley, actuellement en recherche d’emploi a encore beaucoup de mal à effacer les images de ce drame de sa mémoire. « Je suis maman d’un homme qui est lui-même papa de trois enfants. Mais ce petit bébé, je ne l’oublierai pas. » Et ne cache pas son secret espoir de pouvoir un jour le revoir.
http://www.leprogres.fr/ain/2013/01/22/drame-de-la-route-a-premeyzel-l-emouvant-temoignage-de-claire
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