jeudi 3 janvier 2013

AVRECHY (60) Sept mois après le drame, le nouveau combat de Lætitia

En mai, Lætitia Boitte se faisait tirer dessus par son ex-conjoint, en plein centre de Clermont. Aujourd'hui en fauteuil, elle lance une association d'aide aux victimes de violences conjugales.

Le 14 mai dernier, en fin de matinée, un drame s'est joué dans la rue, en plein centre-ville de Clermont. Alors qu'elle monte dans sa voiture, Lætitia Boitte, 31 ans, originaire de Catillon-Fumechon, est agressée par son ex-compagnon, Frédéric Mahu, qui lui tire une balle dans le cou avant de prendre la fuite. Il attend aujourd'hui en prison d'être jugé.

Sept mois se sont passés. Une éternité pour Lætitia, qui a lutté chaque jour pour retrouver un peu de mobilité. Avec succès puisqu'aujourd'hui, elle peut de nouveau bouger les bras. « Mais pas encore les jambes, même si je garde espoir. »

Hospitalisée la semaine, elle retrouve sa famille, les week-ends, et notamment ses deux enfants, Mathéis et Priscilla, 5 et 10 ans. «Ce n'est pas tous les jours facile », souligne la jeune femme, néanmoins reconnaissante envers ses parents, «ces gens formidables » qui prennent soins de ses enfants.

L'association «Elles » lancée devant 200 personnes


Lundi soir, devant 200 personnes, à l'occasion du réveillon de la solidarité organisé par le centre communal d'action sociale d'Avrechy, village où Lætitia vivait avec son ex-compagnon, elle a lancé officiellement son association, «Elles », dans le but d'aider les personnes qui, comme elle l'a été, sont victimes de violences conjugales.

«J'ai besoin de redonner un but à ma vie, explique celle qui travaillait comme aide à domicile. Et surtout, je ne veux pas que ce qui m'est arrivé se reproduise. »

Pour le moment, Lætitia espère surtout pouvoir apporter une aide psychologique à des personnes en détresse. «Donner des conseils, évoquer les problèmes à haute voix. »

Elle-même, avec le recul, estime par exemple qu'elle n'aurait pas dû porter plainte en gendarmerie après avoir reçu des coups de son concubin. «Cela n'a fait qu'envenimer les choses, et nous amener au résultat que l'on connaît.J'aurais mieux fait d'en parler à mes proches, à ma famille. »

Aider quant au comportement à adopter vis-à-vis des enfants, aussi. «Je pense avoir réussi à protéger les miens, affirme-t-elle. Ils sont heureux et épanouis. Nous ne leur avons rien caché, il n'y a pas eu de mensonge et je pense que c'est grâce à cela qu'ils sont équilibrés. » Des enfants qui ont intégré l'école du village de leurs grands-parents, à Catillon-Fumechon.

Parler, c'est pour Lætitia le meilleur moyen d'avancer. «Dès que j'en ressens le besoin, je le fais. À ceux que je connais, comme à ceux que je ne connais pas. »

De fait, la jeune femme s'est sentie très entourée, et pas seulement par ses proches. «Un groupe de soutien s'est créé sur Facebook. Tous ces gens que je ne connaissais pas... Cela m'a beaucoup touchée. »

Malgré cela, elle reconnaît que, même entourée, «j'ai souvent l'impression d'être seule. Je crois qu'on ne peut pas entièrement comprendre ma situation ».

Lundi soir, Lætitia se disait consciente que la nouvelle du lancement de son association arriverait jusqu'à son agresseur, en prison. «J'espère qu'il va lire les articles. Je ne sais pas s'il se rend compte des conséquences de son geste, à quel point il est facile de gâcher une vie ».

Sans nouvelle de lui - «et c'est mieux comme ça » - elle ne connaît pas la date du futur procès. «Mais j'ai hâte que cela arrive. J'espère que la justice fera son travail. » Compte-t-elle s'y rendre ? «Oui, je pense que oui. »

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Sept-mois-apres-le-drame-le-nouveau-combat-de-Laetitia

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