Samedi matin, une retraitée a poignardé son mari puis s'est suicidée, à leur domicile. La maladie d'Alzheimer serait à l'origine de ce drame. La tragédie du couple Ravaux illustre la délicate question de la vieillesse lorsque la maladie frappe.
Lorsque le soleil donne sur la façade de la maison du 6, Grande-Rue à Lislet, le pavillon ressemble presque à une maison de poupée.
Mais samedi matin, les lieux se sont transformés en scène de drame lorsque l'on a découvert dans la cour arrière de cette habitation, où vivaient Yves (82 ans, atteint de la maladie d'Alzheimer) et Claudine Ravaux (73 ans), leurs corps sans vie.
C'est la boulangère, inquiète de ne pas rencontrer ses clients à l'heure de son passage (vers 11 h 15), qui avait alerté le voisinage.
Aide récente
Ceux-ci avaient ensuite prévenu le fils unique des Ravaux. Et c'est ce dernier qui a fait la macabre découverte. Le fils était d'ailleurs très choqué. Si les circonstances de la mort d'Yves ne seront confirmées qu'après l'autopsie de son corps (sans doute mardi), la découverte d'un couteau sur les lieux incite les enquêteurs à placer l'hypothèse du crime en haut de la liste des causes du décès. Quant à Claudine, elle s'est immolée par le feu après s'être dévêtue. Selon les premières constatations, cette scène se serait déroulée peu avant l'aube.
« Ils étaient au bout du rouleau », glissent pratiquement unanimes les voisins. Aymé, qui viva-it depuis quarante-six ans à côté du couple tient sensiblement le même discours : « Je suis sorti prendre mon pain à la boulangère, puis je suis rentré. Ce n'est que plus tard que j'ai vu qu'il y avait eu ce drame. Mais c'est vrai que la maladie d'Yves fatiguait beaucoup Claudine. Elle aussi, avait parfois des absences. »
Ce n'est que très récemment que l'ADMR, les services d'Aide à domicile en milieu rural, avait pu enfin aider Claudine dans les tâches quotidiennes, et celles engendrées par la maladie d'Yves.
Défaillances
« Plusieurs fois, nous avons sollicité Claudine pour qu'elle accepte de l'aide, que son mari soit conduit par exemple, à l'atelier de mémoire mis en place par le Clic », expliquent Jean Lecuyer, le maire de Lislet, ainsi que son épouse, bénévole dans cette association.
Yves et Claudine étaient un couple modèle de campagnards. Deux petites retraites, des années de vie commune, des enfants du pays qui ont toujours vécu ensemble. Est-ce l'idée d'un probable séjour d'Yves dans une maison spécialisée, symbole d'un départ peut-être sans retour, que n'aurait pas supporté Claudine ? Des éclats de voix entre les deux conjoints avaient parfois lieu. Ils étaient sans doute liés aux conséquences de la maladie d'Yves et à la grande fatigue de Claudine, dont la tête défaillait par moments.
« Il y avait des sursauts de lucidité très fort chez Yves, explique un autre des voisins. Il y a une semaine, il avait remonté la rue et nous avions discuté tranquillement. Des paroles pleines, sensées. » D'autres fois, symptômes classiques de la maladie d'Alzheimer, la logique disparaissait.
Samedi, c'est peut-être un ensemble de choses qui aurait poussé Claudine à ce double geste. Dernière preuve d'amour d'une longue vie commune.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/tragedie-du-couple-ravaux-ils-etaient-au-bout-du-rouleau
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